Critique du concert à la Salle Gaveau 15/10/2021
C'est avec toute la délicatesse de son jeu à l'élégance rare, limpide et fluide que la virtuose pianiste russe Irina Lankova nous a subjugués durant ce récital essentiellement consacré à Rachmaninov et Schubert. Car on ne peut qu’être fasciné par son toucher aérien et raffiné d'une sensibilité frissonnante à l'image au service d'un univers musical exceptionnel qu'elle affectionne et révèle avec majesté et grâce.
Première partie de programme consacrée à quelques-unes des plus belles pages de Rachmaninov. D'emblée, Lankova est sublime en ouverture durant l'Élégie op.3 avec une plongée immédiate dans l'émotion pure. Puis, virevoltante dans le tableau op.39 n.3, envoûtante dans l'opus 33, n.8 touchante et pudique dans les deux romances Op. 43, n.14 et op..21, n.7, mystique dans le prélude op.23, n.7, papillon éphémère dans celui de l'op.32, n.12, sarcastique dans le Liebesleid de Fritz Kreisler. Ainsi, l'artiste dévoile tour à tour une personnalité musicale fascinante qui ne peut laisser indifférent. Voyage émotionnel poursuivi avec autant de justesse et de brio, d'abord par deux pièces méditatives et épurées en première mondiale de Dirk Brossé, en articulation avec Schubert à travers l'Impromptu D.899 et deux transcriptions de Liszt de deux Lieder, trois pièces ici délicatement ciselées avec fougue, passion et onirisme dans leur interprétation. Conclusion évidente et judicieuse du programme annoncé par l'apaisement supérieur intrinsèque à l'adagio BWV 974 de J.S. Bach.
Un concert à l'interprétation éblouissante, à l'image du dernier album « Élégie » de la pianiste, d'une qualité exceptionnelle, qui fera sans nul doute référence et sur lequel aucun mélomane ne peut faire l'impasse. Irina Lankova allie génie sensoriel et technique virtuose, exprime l'indicible, illumine, se confie sans ambiguïté, bouleverse par sa sincérité et survole son sujet !"
Jean-Paul Bottemanne / Lexnews.fr