De ce détachement épuré, pour celle qui incarne la fougue de Rachmaninov, aussi élégante que débridée, la finesse spirituelle de Scriabine ou la mélancolie de Schubert avec entièreté et passion, l’expérience ou plutot les Visions, des Variations Goldberg y est pour beaucoup : «Durant l’enregistrement, cela m’a fait l’effet d’une purification, comme si je me dépouillais de toute l’émotion qui m’avait portée jusque-là. Alors, j’ai pensé à Dieu, à l’univers.»
Ce qui est passionnant dans sa sélection, des plages de Rachmaninoff, Schubert et Bach qui se sont imposés de son propre aveu « comme une évidence, en écho à un moment capital de ma vie », Irina Lankova démontre aussi qu’elle sait aussi apprivoiser cette nostalgie de l’âme russe, dont Andrei Tarkovski dit dans son film Nostalghia qu’elle « maladie mortelle », inséparable de la souffrance extrême qui nous prive du lieu natal et de nos repères intimes…
Singular’s / Olivier Olgan / le 8 octobre 2021